Quand on plonge dans l'univers d'Harry Potter, que ce soit à travers les livres ou les films, l’un des premiers antagonistes qui se dresse sur le chemin de Harry est Drago Malefoy. Arrogant, moqueur et souvent cruel, il semble incarner le rival parfait : une version sombre et inversée du héros.
Pourtant, au fil de l’histoire, on commence à percevoir des failles dans l’image qu’on se fait du personnage. Notamment lorsqu’on le voit évoluer au milieu d’autres méchants : les Mangemorts. Et on fini par se dire que, tout comme dans la vraie vie, tout n’est pas blanc ou noir. La question se pose donc : Drago Malefoy est-il un simple élève arrogant, ou un produit de son environnement? Voyons ça !
Drago Malefoy de Serpentard
Drago est l’un des élèves emblématiques de Serpentard, maison souvent associée à l’ambition, la ruse et, parfois, la malveillance. Sa rivalité avec Harry Potter marque une grande partie de l’histoire, mais son comportement ne se limite pas à cette opposition. Issu d’une famille influente de sang-pur, Drago grandit avec l’idée que la pureté du sang est synonyme de supériorité. Il le montre en rabaissant régulièrement les "sang-de-bourbe" comme Hermione Granger, qu’il méprise ouvertement pour ses origines moldues.
Mais Drago ne limite pas ses moqueries aux Nés-Moldus. Même les sorciers de sang-pur ne sont pas épargnés, comme Ron Weasley. Bien que Ron soit lui-même issu d'une grande lignée de sorciers, son attachement aux Moldus et la modestie de sa famille font de lui une cible idéale pour les piques et provocations de Drago. Cela illustre une autre facette de sa personnalité : un besoin constant de prouver sa supériorité, reflet direct des attentes de sa famille.
Analyse du personnage
Drago Malefoy est un personnage très riches, psychologiquement parlant cette fois-ci ! À travers l’analyse du personnage, nous allons mettre en avant des phénomènes et mécanismes psychologiques qui expliquent la nature du personnage, et ainsi mieux comprendre ces mêmes phénomènes dans la vie réelle.
1. Emprise familiale, pression sociale et conformisme
Drago grandit dans une famille qui valorise la pureté du sang et le pouvoir à tout prix. Son père, Lucius Malefoy, exerce d’ailleurs une influence considérable sur ses choix et ses croyances. On peut voir notamment dans le 2ème livre/film, lors de la première apparition de Lucius, que Drago adopte une attitude plus réservée lorsque son père est présent. En tant que fils unique, Drago est élevé pour perpétuer les valeurs de sa famille et maintenir leur statut au sein du monde des sorciers. Son père est d’ailleurs un personnage important, qui a toujours cherché le pouvoir : Préfet, puis préfet en chef lors de ses études, membre du conseil d’administration de Poudlard, allant jusqu’à servir Voldemort en espérant que cela le fasse monter un peu plus les échelons de la société des sorciers.
Drago subit donc une importante pression familial. En tant que fils unique, il est élevé pour perpétuer les valeurs de sa famille et maintenir leur statut au sein du monde magique. Cette pression est un exemple classique de socialisation familiale , où les valeurs et croyances sont transmises dès le plus jeune âge.
Plus tard, nous pouvons également voir Drago être pris dans le piège du conformisme face au groupe que représente les Mangemorts. Sous l'effet de la pression qu'exerce son père, il finit par rejoindre les partisans de Voldemort et devenir un membre actif, notamment en réparant l'armoire à disparaitre qui permettra aux Mangemorts de pénétrer à l'intérieur de Poudlard.
Cependant, on voit par la suite que Drago n'est pas entièrement d'accord avec les idées et les actes de Voldemort. Notamment lorsque ce dernier lui ordonne de tuer Dumbledore.
2. Besoin de reconnaissance et d'appartenance
Drago est un personnage qui se distingue des autres élèves de Poudlard par sa vision élitiste du monde des sorciers. Dès la première année, il se dirige vers Harry en lui tendant la main, en lui conseillant de se méfier des "gens douteux" (en visant Ron). Cela démontre une chose importante : pour Drago, Harry était au départ une personne fréquentable. Et il est même fort probable que cette tentative de rapprochement était principalement dû au fait que Harry était déjà une célébrité. On peut d'ailleurs faire un parallèle avec son père, Lucius, qui entretien des relations avec des personnalités telles que le Ministre de la Magie, Fudge, ou dans un tout autre domaine, Voldemort, le plus puissant des mages noires.
Se prendre un vent de la part de Harry est donc vu comme une humiliation, car il se voit déjà comme quelqu'un d'important du haut de ses 11 ans, de par sa simple filiation. Tout comme son père, il se montre opportuniste et discriminant envers les sorciers plus modestes comme les Weasley.
Tout cela témoigne de deux besoins importants :
- Le besoin de reconnaissance, comme étant un sorcier de grande lignée, au sang-pur, ne se mélangeant pas avec le reste du monde. Il souhaite être reconnu comme un grand sorcier, et cela passera notamment pas son adhésion à l'équipe de Quidditch de Serpentard (avec une généreuse donation de son père), ou encore en occupant le rôle de préfet.
- Le besoin d'appartenance, en appartenant à un groupe de sorciers privilégiés appartenant à "la haute société magique".
À noter qu'on reconnait dans tout ça l'emprise familiale sur Drago. Comme nous l'avons vu, il reproduit le comportement de son père à son échelle, et répands les mêmes idées, alors que comme nous pouvons le voir à la fin de l'histoire, ses propres idées ne coïncidaient pas forcément avec celles de Lucius.
3. La quête d’identité et les conflits internes
Drago est le produit d’un environnement familial où les idéaux de pureté du sang et de supériorité magique sont omniprésents. Dès son enfance, il est conditionné à croire que sa lignée et son statut social le placent au-dessus des autres. Cependant, certains moments clés de l’histoire montrent qu’il n’adhère pas pleinement à ces valeurs.
- L'incapacité à tuer Dumbledore : Dans Le Prince de Sang-Mêlé, Drago se retrouve face à une tâche impossible pour un adolescent : assassiner Albus Dumbledore sur les ordres de Voldemort. Ce moment illustre son conflit intérieur. Il ne peut se résoudre à commettre un meurtre, non seulement parce que c’est un acte qui va à l’encontre de sa morale profonde, mais aussi parce qu’il a peur. Cela reflète une dissonance cognitive : il est forcé d'agir selon des valeurs imposées par sa famille et Voldemort, mais ces actions entrent en contradiction avec ses propres convictions.
- Sa peur et sa passivité : Drago n’est pas un personnage intrinsèquement courageux. Dans les derniers tomes, il évite les confrontations directes, notamment lors de la bataille de Poudlard. Cela montre une hésitation à prendre une position claire, révélant une personnalité qui se cherche encore.
Ce que cela dit de nous, dans la vie réelle
Maintenant que nous avons pris soin d'analyser le personnage de Drago Malefoy, il est temps de voir comment ces phénomènes et dynamiques psychosociales peuvent également s'appliquer dans notre propre vie.
1. La socialisation et la construction identitaire
Comme nous l'avons vu, la socialisation primaire est la première forme de socialisation à laquelle nous sommes confrontées. En réalité, il existe deux types de socialisations primaires :
La socialisation familiale, c'est celle que nous avons vu avec Drago, qui se fait donc au sein de la famille, globalement avec des personnes plus vieux, en dehors d'éventuels frères et sœurs. Il s'agit donc d'une forme de socialisation "déséquilibrée", dans le sens où nous socialisons avec nos parents, grands parents, etc. En bref avec des personnes qui sont dans une position "haute" par rapport à nous, puisqu'ils représentent une forme d'autorité et, souvent, de supériorité en terme d'intellect, de compétence, de savoir, etc.
L'autre type de socialisation primaire est une socialisation avec les pairs, c'est à dire avec des enfants du même âge. Cette socialisation au plus jeune âge se fait principalement dans les crèches, puis à l'école lorsqu'on grandit. Cette socialisation a de particulier qu'elle se fait avec des personnes qui nous sont à peu près égaux en terme d'autorité, d'intellect, de compétence et de savoir, contrairement à la socialisation familiale.
Il est cependant important de noter que, alors que nous sommes tous amenés à connaitre la socialisation familiale dès le plus jeune âge, nous ne sommes pas tous égaux en ce qui concerne la socialisation avec les pairs. En effet, certains d'entre nous la rencontre à la crèche, dès l'âge de 3 mois, d'autres ne la rencontreront qu'à l'école maternelle vers l'âge de 3 ans, voir à l'âge de 6 ans en primaire (l'école maternelle n'étant pas obligatoire partout). Cela crée une énorme différence dans le développement de l'enfant, qui risque de rencontrer des difficultés dans ses interactions avec les autres personnes de son âge par la suite.
2. Conflits internes et dissonance cognitive
La dissonance cognitive est donc un état psychologique inconfortable où nous ressentons un conflit entre nos croyances, notre système de pensées, nos émotions, notre attitude ou encore nos actes. C'est, par exemple, agir à l'encontre de nos convictions et de nos croyances.
C'est là que l'on voit l'importance de la socialisation et de la construction identitaire vues précédemment. Car nos valeurs nous viennent directement de notre socialisation primaire.
Par exemple, si je grandis dans une famille où règne une forme de discrimination envers les personnes homosexuelles, le processus de socialisation familiale va faire en sorte que je vais intégrer cette valeur (car oui, la discrimination est considéré à proprement parlé comme une valeur). En l'absence de socialisation extérieure, ma croyance ne va pas entrer en conflit avec d'autres croyances, ce qui va lui permettre de se consolider. Ainsi, en grandissant avec cette valeur familiale qu'est l'homophobie, je deviendrais probablement un adulte homophobe.
Là où c'est d'autant plus intéressant, c'est lorsque la personne ayant grandit avec cette valeur s'avère être elle-même homosexuelle. Dans ce cas on peut parler de dissonance cognitive, puisque ses envies et désirs vont à l'encontre de ses valeurs familiales.
Cet exemple est parfait pour illustrer l'importance de socialiser de différentes manières et avec différents groupes et types de groupes. Ceci afin de se construire une identité unique et forte, en accord avec ce que nous sommes profondément.
Bien sûr, la dissonance cognitive ne se limite pas à des cas aussi extrêmes. Elle survient également lorsqu'on se sent obligé de mentir dans une situation délicate alors que le mensonge va à l'encontre de nos valeurs.
3. L'influence des besoins sur nos comportements.
Comme Drago, nous avons des besoins. Le besoin d'appartenance ainsi que le besoin de reconnaissance font tout deux partis des "besoins supérieurs" de la théorie de Maslow. Et tout comme lui, il nous arrive de tout faire pour assouvir ces besoins, même si cela amène plus de problèmes qu'autre chose.
Le besoin d'appartenance par exemple, est le besoin de se sentir comme faisant parti d'un groupe. Et il peut arriver que nous fassions tout pour rejoindre un groupe, allant jusqu'à renier ses propres valeurs (on en revient à la dissonance cognitive), voir sa propre identité. C'est le genre de phénomène qu'on observe fréquemment dans les écoles, notamment pendant l'adolescence. Les ados vont adopter un style et des comportements propres au groupe qu'ils cherchent à rejoindre. Cela va de la tenue vestimentaire jusqu'au fait de fumer dans les toilettes de l'école alors qu'on en a aucune envie. Ceci dans l'espoir de se faire accepter, ou de maintenir son adhésion au sein du groupe.
C'est notamment ce qu'a fait Drago avec les Mangemorts. À ceci près qu'il a rejoint le groupe non pas par envie, mais pour satisfaire les désirs de son père, créant ainsi une dissonance cognitive d'autant plus importantes.
Conclusion
Drago Malefoy est bien plus qu’un simple antagoniste. Son parcours met en lumière des dynamiques universelles : l’influence de notre environnement, la quête d’appartenance, et les conflits internes entre ce que nous sommes et ce qu’on attend de nous. Comme lui, nous faisons tous face à des tensions similaires, parfois entre nos valeurs profondes et les attentes extérieures.
Ces moments de dissonance, bien qu’inconfortables, sont souvent l’occasion de nous redéfinir. Alors, quelles influences reconnaissez-vous dans votre propre parcours ? Avez-vous déjà agi pour plaire à un groupe ou répondre à des attentes, au détriment de vos propres convictions ? Ce genre de réflexion peut être le premier pas vers un alignement plus authentique entre vos actions et ce que vous êtes.
À l’image de Drago, il est toujours possible de changer et de construire une vie plus en accord avec soi-même. Où en êtes-vous dans votre propre quête d’identité ? Partagez vos réflexions : chaque introspection est un pas de plus vers une compréhension plus profonde de soi.
